Résumé :
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La solitude n'est appréhendable qu'après la reconnaissance d'une différenciation entre le soi et le monde non soi, lors d'un retrait, force ou recherché, a partir de l'environnement peuplé. Suivant la manière dont ce retrait est vécu, le sentiment de solitude s'accompagne d'affects contradictoires, allant de la détresse liée a l'abandon et de l' angoisse face à ses propres insuffisances, jusqu'à la découverte de ressources insoupçonnées que le sujet reconnaîtra comme authentiquement siennes en se les appropriant. C'est encore dans la solitude que s'élabore l'appréhension du manque interne et/ou externe auquel le sujet se confronte dans la prise de conscience de sa dépendance, qui précède sa capacité d'atteindre une autonomie responsable. Ce qui demeure obscur et paradoxal tient de ce que le sentiment de soi ne se découvre qu'intimement lié aux traces résiduelles d'expériences vécues avec l'objet réel, non encore reconnu dans son altérité. Ces traces restent cependant accessibles et évocatrices de la création de l'objet originaire, scellé de façon indélébile au sentiment de soi (narcissisme primaire). D'autre part l'idée de retrait, qu'implique l'état de solitude, révèle une autre contradiction où l'un des termes répond à un rétrécissement opéré dans l'isolement, et l'autre, à une expansion (élation) permettant l'acquisition d'un espace émotionnel où le soi, en harmonie avec lui -même, rencontre, sans se laisser écraser, ce qui le dépasse tout en s'ouvrant à l'inconnu, en lui et en dehors de lui, pour l'apprivoiser et ainsi le rendre familier. Le Cas particulier du Journal intime traduit à la fois ce rétrécissement et cette élation expansive où s'élabore l'expérience du sujet, en tant Qu'être au monde, avant de pouvoir la partager et la nourrir avec d'autres sujets semblables et différents.
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