Résumé :
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"Dénier l'inévitable puissance de la nature et la finitude du corps devient une valeur des sociétés postmodernes. Les expériences d'addiction - toxicomanies et anorexie - constituent alors un nouveau ""malaise dans la civilisation"". Ces jeunes passionnés négligent le caractère partiel de la pulsion et de l'objet pour impliquer le corps entier, d'abord dans sa plénitude, puis dans son effacement. Si le sujet jouit dans cet écart, son acte destitue aussitôt d'une place de sujet. Au couplage plein-vide répond un découplage du corps et de la pensée: le choix entre l'infinitude d'une expansion corporelle qui réduit à rien la psyché et la toute-puissance d'une pensée qui ne serait pas aliénée au langage. Le leurre narcissique ne résiste pas au ratage d'une jouissance sans entrave du toxicomane ou à celui d'une assomption ascétique de l'anorexique. Le ratage, la levée de l'illusion permettront d'ouvrir un espace de liberté, celui de la thérapie, à condition, bien sûr, que le thérapeute ne soit pas à son tour pris de vertige devant l'insoutenable légèreté du vide: le thérapeute devra accepter d'être un nouvel agent de colmatage comme l'ont été drogue, jeûne, vomissements, pour que du vide puisse s'élaborer une plainte de la perte."
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