Résumé :
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Les campagnes de prévention des abus sexuels à l'adresse des enfants se sont multipliées en Belgique après l'affaire «Dutroux». Elles ont été l'exemple parfait de ce qu'il ne faut pas faire: mal pensées, implantées de façon sauvage, uniquement dirigées vers de très jeunes enfants, sans impliquer ni « prévenir» les parents, sans articulation avec le réseau d'aide et sans concertation entre les institutions qui les financent. Elles véhiculent le message d'une société menaçante, d'une famille effrayante et d'une sexualité dangereuse. Sous-tendues par la méfiance, motivées par les besoins d'une charité hystérique, destinées à déresponsabiliser les adultes et à les débarrasser de leur anxiété, soutenues par les chartes de la morale traditionnelle, elles ont durablement discrédité les campagnes de prévention en tant que telles. Or, la vraie prévention de la violence, de la maltraitance des enfants et plus particulièrement celle des abus sexuels est nécessaire et possible. Elle consiste à oeuvrer ensemble dans le groupe social et autour des familles en difficulté en cherchant à ouvrir le dialogue et à accueillir les émotions, quelles qu'elles soient. Une politique globale de prévention de la violence se mène en faisant appel au lien humain dans tous les registres, en donnant toute sa valeur au lien social et à l'engagement personnel de chaque professionnel. C'est ce qui avait été analysé avec beaucoup de sensibilité et de justesse par une commission d'experts, mise en place après l'affaire« Dutroux »pour prendre le recul nécessaire afin d'installer un programme de prévention des abus sexuels très large. Cependant ces propositions bénéfiques et utiles mais destinées à être implantées à long terme n'ont pas été suivies ni retenues. L'article analysera pourquoi en s'appuyant sur des exemples concrets.
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