Résumé :
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Les mutations touchant la famille sont allées de pair avec une réorientation des paradigmes interprétatifs de la santé mentale les rendant beaucoup plus facilement utilisables pour une politique de prévention développée dans une perspective sécuritaire. En sont arrivées ainsi à s’opposer une nouvelle conception de la prévention précoce des troubles mentaux, essentiellement « adaptative », dont la visée prédictive est exemplifiée par le rapport inserm 2005 sur « les troubles des conduites des enfants », et une conception plus « expressive », basée sur l’expression de leurs troubles par les enfants et leurs parents, et de fait beaucoup plus prévenante à l’égard des familles. La première participe de la ré-orientation biologisante et comportementaliste de la psychiatrie, s’appuyant sur le développement de thérapies cognitivo-comportementalistes et de la pharmacologie, la seconde participe des acquis de la psychanalyse des enfants et des thérapies psychiques. Le pouvoir politique se trouve aujourd’hui placé devant un choix entre ces deux stratégies antinomiques de prévention, et il est à craindre que la tendance politique au soutien du néolibéralisme ne privilégie la volonté hégémonique du courant bio-comportementaliste, au prix de ce que l’on peut considérer comme une véritable régression intellectuelle et sociale.
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