Résumé :
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La prise en compte de la dimension de genre est un défi particulièrement actuel pour l’addictologie et les politiques du champ des drogues. Le « genre » réfère aux « rôles, comportements, activités et attributs socialement construits qu’une société donnée considère comme appropriés pour les femmes et les hommes » (Convention d’Istanbul). Cette construction bio-psycho-socio-culturelle convoque les catégories biologiques de sexe, sans toutefois s’y limiter. Chez les personnes transgenres ou « trans », l’identité ou l’expression de genre diffèrent du genre qui leur a été assigné à la naissance. Si les normes de genre affectent universellement les troubles de l’usage, leur incidence est particulièrement critique chez les femmes et les personnes trans, à tout âge, à l’aune des barrières à l’accès aux soins et des inégalités sociales de santé qu’elles génèrent. L’observation épidémiologique a mis en évidence une surreprésentation masculine parmi les usagers de substances psychoactives (SPA) – alcool, tabac, médicaments psychotropes, drogues illicites – tant en population générale que dans les files actives des structures de soins. L’usage hors prescription médicale de certains médicaments psychotropes, tels que les anxiolytiques de la famille des benzodiazépines, qui concerne plus fréquemment les femmes, en est l’exception notable. Néanmoins, en Europe, depuis les années 2000, les niveaux de consommation des SPA chez les femmes, en particulier chez les jeunes, se sont globalement intensifiés, réduisant ainsi l’écart avec les prévalences masculine. En France, ce phénomène a été particulièrement marqué en ce qui concerne le tabagisme des jeunes.
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