Résumé :
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lusieurs rapports officiels récents sur la drogue et la toxicomanie, celui du Conseil national du sida en 1993, du Comité consultatif national d’éthique en 1994, de la Commission Henrion en 1995, ont tiré un bilan critique de la loi de 1970 et proposé de la modifier plus ou moins radicalement. Or rien n’est venu et rien ne semble venir, comme si les politiques, de droite comme de gauche, considéraient qu’en la matière il est urgent d’attendre. Y aurait-il une exception française ? En réponse à un questionnaire que lui avait envoyé la Ligue des droits de l’homme durant la campagne des législatives, Lionel Jospin déclarait : « Nous pensons qu’il faut mener une politique de prévention et d’éducation en rapport avec la réalité objective des problèmes. De ce fait, pour combattre efficacement l’usage des drogues dures, nous ne pouvons pas et nous ne devons pas les mettre sur le même plan que les drogues dites douces (le cannabis ne pose pas de problèmes de santé publique). Persister dans ce discours est contre-productif, car en contradiction flagrante avec la réalité comme avec le vécu des populations concernées ». Et il ajoutait : « Par ailleurs, la politique de réduction des risques, devenue une priorité depuis la fin des années quatre-vingt, se développe aux limites de la loi. Lever cette contradiction conduit à remettre en cause la loi de 1970 pour élaborer un cadre clair qui redéfinisse les produits visés et qui prenne en compte les toxicomanes en tant que malades. Pour autant, nous ne sommes pas pour une dépénalisation totale de l’usage de toutes les drogues et la légalisation du cannabis. La question de la dépénalisation du cannabis est en débat ». Tel qu’il est, ce texte ouvrait manifestement des perspectives mais il n’a encore été suivi d’aucune initiative. Les déclarations de Dominique Voynet, ministre de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement à Charlie Hebdo le 17 septembre dernier, répondant par l’affirmative à la question de savoir si elle avait déjà fumé des joints et rappelant la position des Verts qui sont favorables à la légalisation du cannabis, suscitaient un débat confus.
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