Résumé :
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e titre s’étale sur six colonnes en page 11 : « Drogue : “Tuer les trafics passe par la légalisation” ». C’est dans Le Monde du mercredi 19 février 2025. Il y a trente ans, nous (les partisans de la réduction des risques) nous battions pour des programmes d’échange de seringues, des traitements de substitution opiacés et l’accès aux soins pour les injecteurs infectés par le VIH. Nous étions hostiles à la pénalisation de l’usage à la fois par principe et parce que c’est un obstacle à la prévention et au soin. Mais nous étions très prudents sur la question de la prohibition. Aujourd’hui, devant l’offensive gouvernementale française qui désigne les usagers comme la cause du narcotrafic (« s’il n’y avait pas d’usagers, il n’y aurait pas de trafic », « les usagers ont du sang sur les mains »), la seule réponse cohérente est de dire : les partisans de la prohibition ont choisi de confier la production et la distribution de drogues aux groupes criminels. Ils ne laissent pas d’autre choix aux usagers que de se fournir sur le marché noir. Les prohibitionnistes ont-ils du sang sur les mains ? Ce changement de perspective nous oblige donc à abandonner la prudence tactique et à aller au fond des choses.
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