Résumé :
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"On reconsidère la toxicomanie sous l'angle de l'approche constructiviste de la réalité. La réalité, autrement dit : ""un ensemble de phénomènes que nous reconnaissons comme ayant une expérience propre indépendante de notre volonté"", n'est peut-être qu'un barrage que l'humain édifie contre l'angoisse de la mort dont l'inconnu est toujours porteur. Comme le ""réel psycho-social"", le ""réel physique"" n'est ni découvert, ni exploré, il est inventé. Pour se maintenir, l'invention doit faire appel à des camisoles justificatrices telle que la science et à des dispositifs de disqualification tels que la pathologisation et la pénalisation.|Ainsi, le toxicomane a été inventé par le corps médical au XIX° siècle, à un moment où on assistait à une modification du rapport à la douleur. Le terme ""stupéfiant"", d'origine juridique, est, quant à lui, au coeur d'un raisonnement circulaire (""est stupéfiant le produit inscrit sur la liste des stupéfiants"", ""sur la liste des stupéfiants figurent les stupéfiants"") où les mots sont pleinement créateurs de réalité. L'invention des stupéfiants n'est qu'un des avatars pharmaco-judiciaires de la guerre franco-allemande.|L'approche constructiviste peut aussi se concrétiser en un modèle thérapeutique parfaitement utilisable dans le champ de la toxicomanie. Ce modèle amène à rompre avec la Science (la connaissance de ce qui est réel), la Vérité (cette borne au regard de laquelle on sépare le vrai du faux) et l'idée de neutralité. De plus, il oblige à reconsidérer profondément les notions un peu galvaudées de liberté, de responsabilité et de tolérance."
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