Résumé :
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La survenue d'un cancer chez un sujet alcoolodépendant est un événement de vie majeur. L'alcool étant un facteur de risque étiologique susceptible d'influencer à la fois la période des soins et le pronostic à plus long terme, sa prise en compte est prioritaire. Pour le patient, la découverte d'un cancer est parfois la première occasion de prendre conscience de ses difficultés à l'égard de l'alcool. L'équipe médicale est alors en bonne position pour évoquer cette question: sévérité de l'addiction, comorbidités, conséquences somatiques de la consommation, impact socioprofessionnel, familial et psychologique, conséquences attendues de la poursuite de l'addiction sur l'évolution de la tumeur. Cette démarche médicale et soignante se situe avant tout dans le registre de l'évaluation de la situation addictive, de la remise d'informations objectives, de la sensibilisation aux possibilités thérapeutiques. Refusant un certain nombre d'attitudes traditionnellement observées dans ce registre où, au nom du principe de paternalisme bienveillant, le patient est maintenu dans une attitude de passivité et de déni du problème d'alcool, les soignants peuvent mettre en perspective le problème addictif et l'extraire des dimensions de fatalité et de résignation si souvent observées. Le département de soins de support, qui a pour mission d'identifier les patients en situation complexe du fait de l'existence du cancer et de ses traitements, peut représenter un maillon essentiel entre le patient, sa pathologie tumorale et le milieu de l'addictologie.
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