Résumé :
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"La rareté des échanges entre le ""monde médical"" et le ""monde judiciaire"" est une source de difficultés pour la prise en charge de condamnés ayant un problème avec l’alcool. Dans le but de mieux coordonner la ""complémentarité"" de la prise en charge, un dispositif expérimental a été mis en place pour les personnes ayant commis une infraction en étant alcoolisées et soumises à une obligation de soin. Les objectifs principaux étaient, du point de vue judiciaire, de diminuer les délits ultérieurs liés à l’alcool et, du point de vue thérapeutique, de modifier la relation du condamné à l’alcool. Le protocole du dispositif comprenait sept étapes dont la réquisition d’un médecin interface (MI) et l’implication du juge de l’application des peines (JAP) et des agents du service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP). Après validation par les instances judiciaires et ""ordinales"" une évaluation du dispositif a été réalisée en incluant aléatoirement les condamnés dans deux groupes : un groupe témoin (91 condamnés) et un groupe médecin interface (89 condamnés). Les données sur l’évolution du condamné et la survenue de délits après prise en charge ont été collectées et analysées par une société indépendante. La faisabilité du dispositif a été établie. Il a été toutefois observé que le premier rendez-vous avec le MI était tardif (12 mois après la condamnation dans 42 % des cas). Tous les condamnés avaient commis un délit en état d’ivresse. Pour 56 % d’entre eux, le bilan biologique était normal. Tous les condamnés ont été orientés vers un dispositif de soins spécialisés. L’obligation de suivi du dispositif a été respectée dans 73 % des cas. L’attitude globale des condamnés pendant leur prise en charge est moins positive dans le groupe MI que dans le groupe témoin, mais elle évolue favorablement au cours du temps, avec des motivations au changement accrues. Dans le groupe MI, la consommation d’alcool hebdomadaire déclarée est divisée par trois au terme de la prise en charge (la mesure n’a pas été faite dans le groupe témoin). Pour les condamnés ayant respecté l’obligation de soins le taux de récidive à deux ans est supérieur dans le groupe MI (22,2 %) par rapport au groupe témoin (9,4 %). Ce résultat n’était pas attendu. Si une évolution positive a été enregistrée sur le plan médical, le dispositif MI n’a donc pas permis de diminuer les récidives, qui restent cependant globalement faibles. Cette constatation amène à se poser la question de l’intérêt d’un ""médecin relais""."
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