Résumé :
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Dans la gestion des problèmes psychosociaux liés aux addictions, plusieurs modalités de contrôle social coexistent. On peut penser à la perspective pénale, thérapeutique, médicale ou celle du laissez-faire. Dans cette mouvance, et devant l’émergence d’addictions nouvelles, la redéfinition actuelle du terme addiction exige une grille d’analyse multifactorielle. Face au culte de la vitesse, de l’hyperindividualisme et de la performance à tout prix (hurried society), comment expliquer la tendance à une surmédicalisation des conditions sociales et à une explosion des catégories et des typologies de dépendants ? Jusqu’à quel point la société contemporaine génère-t-elle des conditions où les personnes ont le sentiment d’être de moins en moins à la hauteur ? Comment concilier les enjeux de l’intentionnalité et des choix des personnes avec une idéologie de la « santéisation », d’une pathologisation de l’existence ? Face à ces questions, l’auteur suggère de faire un survol des tendances sociales actuelles en analysant la dépendance, non pas uniquement comme le fruit intrapsychique d’une souffrance à saveur individuelle, mais également comme le résultat des discours et des modalités de contrôle qui varient selon les acteurs en présence et la faiblesse/force des liens sociaux. En guise de conclusion, et même si le modèle Minesotta des Alcooliques Anonymes fondé sur les douze étapes est moins populaire en Europe et en France qu’en Amérique du Nord, l’auteur illustrera le processus par lequel ce discours et cette idéologie de ces mouvements d’entraide contribuent à multiplier les étiquetages de la pathologisation au détriment des compétences souvent cachées des personnes et de leur réseau familial et social.
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