Résumé :
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Cet article vise à préciser les liens entre la précarité résidentielle et la consommation abusive d'alcool et de drogues, à partir des données présentées dans la littérature scientifique nord-américaine et des résultats d'une recherche longitudinale auprès de 30 personnes suivies par un centre spécialisé. La littérature scientifique rapporte surtout des études où les personnes sans domicile fixe établissent des liens directs entre la perte de domicile et la consommation abusive de psychotropes. Des études plus récentes font aussi état de circonstances où la consommation de psychotropes est une conséquence de la perte de domicile et contribue au maintien de l'extrême précarité. Dans l'étude québécoise, la perte de logement est de même vécue comme une conséquence de la consommation. L'étude révèle aussi que, dans la trajectoire de sortie de la précarité et de désengagement face à l'alcool et aux drogues, le logement remplit successivement diverses fonctions. Il actualise d'abord la rupture d'avec le milieu et le changement de style de vie, pour ensuite servir de point d'appui à la stabilisation de l'ensemble des conditions de vie. Ce faisant, il devient progressivement l'objet d'un investissement affectif et le signe tangible du chemin parcouru. Ces résultats permettent d'approfondir les relations complexes entre les différentes dimensions de la précarité et des facteurs associées tels l'abus d'alcool et de drogues.
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