Résumé :
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Cet article part des hypothèses de départ de Dole - qui établit les objectifs de la substitution par la méthadone en 1966 - pour essayer de les valider à la lumière des travaux plus récents. Les effets secondaires de la méthadone apparaissent peu nombreux et peu invalidants à long terme. L'utilisation d'une dose capable de saturer les récepteurs aux opiacés semble en outre rendre le patient peu ou pas sensible à une adjonction d'héroïne éventuelle, tandis que la compliance au traitement semble être proportionnelle à la dose jusqu'à un plafond de 120 mg/jour. Toutes les études mettent en évidence une chute drastique de la consommation d'héroïne. En revanche, une modificatioin du profil de toxicomanie semble parfois se manifester vers une augmentation de l'alcoolisme et l'utilisation de la cocaïne. Sur le plan du risque de Sida, les résultats sont moins clairs, montrant une diminution globale de l'usage parentéral en tant que comportement à risque, mais n'assurant apparemment une protection totale qu'en cas d'arrêt complet. La diminution des comportements anti-sociaux apparaît nettement, ce qui est interprété comme une diminution de la pression économique sur le consommateur. A la suite de ces résultats, une assitance à la réinsertion sociale apparaît productive, alors que la littérature sur le sevrage met en évidence l'intérêt de la technique quant à la durée et à la persistance des symptômes de sevrage, mais reste fort évasive sur des résultats à long terme. L'âge moyen (environs 30 ans) et la durée moyenne d'assuétude (environs 10 ans) des sujets consultants amènent à la conclusion que seule une partie marginale de la population totale consulte, c'est-à-dire que ces méthodes ne seront jamais des solutions à un problème de société, mais seulement des thérapies individuelles. Cet article soulève également le problème du climat passionnel entourant ce problème - nuisant forcément à l'objectivité - et de la faiblesse méthodologique rencontrée dans de trop nombreux travaux sur ce sujet.
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