Résumé :
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Cet article entend interroger les racines de la passion évaluative contemporaine en analysant les origines et le développement, en France, de l’évaluation du travail individuel, souvent appelée «évaluation individuelle des performances». L’article montre que l’évaluation individuelle correspond à une forme de classement des personnes apparue avec l’ordre social inventé au tournant du XVIIIe siècle et fondé sur le travail, le contrat et la science. Cependant cette forme de classement s’est longtemps opposée à une autre, la qualification. La diffusion actuelle du modèle de l’évaluation dans les sphères où prévalait historiquement la qualification, univers public et professions établies, peut se comprendre en analysant l’invention du modèle gestionnaire de conduite des affaires et les dispositifs pratiques qui l’accompagnent. L’article met notamment en évidence que c’est la dynamique de l’espace professionnel constitué autour de l’expertise gestionnaire, et notamment l’expertise en gestion des «ressources humaines», qui peut expliquer la passion évaluative contemporaine et les débats qu’elle suscite.
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