Résumé :
|
Alors que nous vivons un temps où l’urgence est la forme requise pour nos pas et nos corps, l’urgence sociale se dérobe à nos yeux. Malaise des travailleurs sociaux, l’urgence ne se donne pas. Malaise car il s’agit rien de moins que d’évaluer une situation de souffrance dans laquelle une personne peut se trouver : quel taux de crédit nécessite une souffrance pour être jugée recevable ? Malaise car la découverte d’autrui et celle de la mort vont de pair, décousant nos peaux au bord du nu de la vie, charriant avec elle l’ambivalence de nos émotions et de nos sentiments, au risque d’en faire l’épreuve. L’imagination peut alors faire distance entre soi et autrui, procédant par représentation et construction. Elle maintient les sentiments esthétiques (à visée possible de clôture – d’un enjeu de toi à moi) mais les étire vers des sentiments moraux (à visée d’universalité – du rapport de chacun à un nous, collectif). L’imagination ouvre ainsi la visibilité, autrement tempérée, de l’urgence et peut questionner des positionnements professionnels. Plus largement, des médiations sont toujours à penser au quotidien présent des rencontres, pour que des existences puissent conjuguer leur propre futur.
|