Résumé :
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Voici une histoire générale - la première en France - de la drogue et du remède les plus anciens du monde, de son importance économique, politique, culturelle même dans l'histoire de l'Asie et de ses rapports avec un Occident longtemps ' pousse-au-vice '. Depuis les temps les plus reculés (' Plante de joie ' dans les inscriptions sumériennes) et jusqu'à la fin du XVIII° siècle, le suc qui s'écoule de la capsule de pavot est considéré avant tout comme le remède à tous les maux, la panacée de la médecine populaire et aussi comme le stimulant du rêve, qui redonne confiance dans la vie, libère du quotidien, fait accéder à de fabuleux mirages. Il est présent dès les origines, au Proche-Orient, puis, à partir du VIII° siècle, en Inde, à Java, en Chine. Or, ce n'est qu'à partir du XIX° siècle, comme le montre Paul Butel, que l'on commence à reprocher à l'opium l'état de dépendance dans lequel il plonge ses adeptes. Alors naît le concept du stupéfiant. L'opium connaît un développement foudroyant en Chine, inondée par les marchands britanniques qui y exportent l'opium de l'Inde. Fumer l'opium devient le vice de la Chine au point de l'affaiblir gravement. Les empereurs Ts'ing multiplient les édits de prohibition, mais les Occidentaux leur livrent des ' guerres de l'opium ' pour pouvoir continuer le trafic. C'est en France l'époque de la ' drogue romantique ' célébrée par les intellectuels et les coloniaux. La Marine française (40 % des officiers seraient opiomanes vers 1900) est atteinte à son tour. La naissance de la morphine, puis au XX siècle, de l'héroïne, fait surgir un âge nouveau, celui de l'action répressive menée sous l'impulsion des Américains par un Occident conscient, enfin, des ravages causés par les dérivés de l'opium. Paul Butel ne manque pas d'évoquer ces phases de plus en plus graves de dépendance et de plus en plus éloignées du temps de l'' opium de l'hospitalité '. On connaît la lutte continuellement recommencée pour la destruction des champs de pavot et le démantèlement d'un trafic trop fructueux pour ne pas résister.
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