Résumé :
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Le psychologue ou le psychanalyste se perd s'il poursuit son travail isolé et tient le psychotrope pour ce qui voile le fond, organicise l'affection et y ajoute même des effets secondaires. Il doit plutôt entrer dans tout le réseau thérapeutique (lui et d'autres, jusqu'à l'éventuelle administration ' policière ' chargée de la vitalité urbaine) afin d'entraîner le patient dans le système qui l'assume (la conversion),Ce n'est plus tout a fait à ' la molécule ' qu'il faut s'intéresser : il convient d'entrer dans un autre champ, d'admettre d'autres critères. Les psychotropes doivent réintégrer l'univers technico-humain. Preuve de la complexité où nous parvenons, l'information ou même le savoir suppose le malaise (et ses désaccords) , un malade qui, parce qu'il est malade, n'est pas vraiment objectif ! Philippe Pignarre marque l'écart entre les médicaments stables de la médecine (antibiotiques, antihypertenseurs, etc.) susceptibles d'une définition et d'une claire évaluation, et les psychotropes caractérisés par l'absence ' de points fixes '.Si l'ouvrage réussit a mettre de la réflexion et de la passion à l'intérieur de ses analyses - alors que les traités habituels lassent - c'est parce que l'auteur use d'une méthode fructueuse : désenclaver la médecine ou la psychiatrie, la sortir de ses ornières (souvent organicistes), l'ouvrir à d'autres disciplines (l'anthropologie, voire l'ethnopsychiatrie, ici, plus particulièrement, la sociologie dynamique des consommateurs ou même des prescripteurs). Alors, l'air peut arriver dans un lieu trop fermé.
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